Première critique du disque par Jean-Luc Germain
Ce Shakespeare trio est une version réduite, mais pas moins lyrique et inspirée, du Shakespeare project qui s’était traduit en 2012 par une création sur scène à Tréguier et un album. Porté par les textes de l’immense écrivain elisabethain (dont on ne cesse de découvrir la richesse et la portée universelle au fil des nouvelles traductions), le saxophoniste costarmoricain Bernard Lepallec et son complice Pierre Stéphan, artisan poète de l’électronique, tissent un écrin sonore pour la voix de Steeve Brudey. Ses vocalises haut perchées, où viennent s’agréger atmosphères numériques mystérieuses et volutes, parfois sauvages, de saxophone, chatouillent, accrochent l’oreille, et finissent même par la mordre.
Cet album, que l’on peut classer dans le registre de la musique expérimentale, n’est pas de tout repos. Mais il est habité, d’une grande richesse d’invention, et parvient à l’essentiel : faire bouger les lignes pour nous sortir de l’écoute habituelle et rassurante. Une aune périlleuse mais indispensable à laquelle tout projet artistique devrait être mesuré.